Quelle était la relation entre Henri Matisse et la musique ?

Les liens entre Henri Matisse et la musique sont étroits et complexes. De manière très concrète, tout d’abord, il s’agit d’une passion personnelle : il joue du violon dès sa jeunesse et fait enseigner la pratique de cet instrument ainsi que le violoncelle ou le piano à ses enfants.

Tout au long de sa vie, ses différentes recherches picturales ont été menées dans des milieux imprégnés de musique, source d’inspiration majeure, qui lui permet d’évoquer le mouvement, le rythme, l’allégresse, la mélancolie ou encore le repos.

Ainsi, l'oeuvre de Matisse s’inscrit dans une longue tradition de liens entre la peinture, la musique mais aussi la danse. Les représentations de la musique et de leurs interprètes sont très nombreuses dans l’oeuvre de Matisse, qu’il soit question de dessins, de gravures, de tableaux ou de papiers gouachés découpés et même, dans une moindre mesure, de sculpture.

« Le peintre choisit sa couleur dans l’intensité et la profondeur qui lui conviennent comme un musicien choisit le timbre et l’intensité de ses instruments » (Maria Luz, « Témoignage », 1952, EPA, P248).

La rencontre entre Henri Matisse et la musique

Après avoir quitté sa Picardie natale au début des années 1890, Matisse part s’installer à Paris où, en parallèle de sa pratique artistique, il développe une passion pour la musique. Cafés-concerts, bals populaires, ou encore concerts d’Harcourt et de Colonne, lui permettent d’approfondir ses connaissances en musique classique.

De l’Opéra-Comique aux sardanes catalanes et autres farandoles traditionnelles sur les ports de Collioure, en passant par de nombreuses représentations de ballets classiques, Matisse ne cessera de développer sa passion pour la musique.

Premières représentations de la musique dans l’œuvre d’Henri Matisse

À partir de 1905 et 1907, de premiers sujets musicaux sont sérieusement représentés dans l'oeuvre de Matisse, sous la forme de nombreuses allégories comme Le Bonheur de vivre, dans lequel on danse et on joue de la chalemie et de l’aulos, ou encore La Musique (esquisse), où il met en scène un violoniste.

C’est seulement pendant la période de son installation à Nice (1917-1918) qu’Henri Matisse multiplie les représentations de musiciennes et de danseuses, à travers la déclinaison de poses typiques, naturelles et élégantes de jeunes filles en costume de balleteuse.

Les Ballets russes

Une première coopération avec les Ballets russes permet à Matisse de toucher au décor et aux costumes pour le Ballet Le chant du rossignol, de Stravinsky, dont la première a eu lieu à l’Opéra de Paris (1920).

Puis, en 1939, Henri Matisse travaille encore pour les Ballets russes, pour une mise en scène de Rouge et Noir (L’étrange Farandole) sur une musique de Chostakovitch, présentée à Monte-Carlo.

En 1939 également, il réalise le chef-d’œuvre La Musique

Henri Matisse, La Musique (1939), Albright-Knox Art Gallery - Buffalo (Etats-Unis) © Succession H. Matisse.

Une vie remplie de musique

Si l'oeuvre de Matisse est imprégnée de musique, sa vie l'était aussi : la musique représente pour lui un plaisir, un passe-temps, mais aussi par moments une sorte de consolation.

Entre 1917 et 1954, dans les chambres d’hôtels et appartements Niçois ou dans la Villa Le Rêve, à Vence, qu’il habite successivement, piano, violon, guitare, mandoline, luth et tambourin font partie du décor des lieux et des accessoires de l’atelier.

Pour Matisse il est normal d’employer des termes musicaux et il utilise souvent des comparaisons avec la musique. Son langage est caractérisé par des notions de musicologie, du moins s’approprie-t-il les termes des musiciens, comme « vibrato », « accord » ou « orchestration ».

Les différences et les qualités communes entre musique et peinture ne sont, dans l'oeuvre de Matisse, que des parallèles : « la peinture exige de l’organisation, par des moyens très conscients, très concertés, comme les autres arts. Organisation des forces – les couleurs sont des forces – comme en musique, organisation des timbres. Mais ne confondons pas pour autant peinture et musique. Leurs actions ne sont que des parallèles. » (Degand 1945, cité dans EPA, p.300-301).